Type unifié, conçu en 1944 par l'architecte Bernard Laffaille (1900-1955) et choisi par la SNCF pour la reconstruction de dépôts détruits durant la Seconde Guerre Mondiale. Les éléments utilisés font appel au béton armé en éléments modulaires, permettant un gain de temps et une meilleure robustesse. En outre, la standardisation et l'utilisation partielle d'éléments préfabriqués permettent de réduire les couts : la conception de ces bâtiments a été guidée par cet objectif d'économies maximales. Le "type P" n'a pas de signification officielle : s'agit-il d'une analogie avec les locomotives à vapeur unifiées, qui utilisaient cette lettre (141 P, 241 P...) ?
Afin d'utiliser au maximum l'éclairage naturel, la façade "extérieure", la plus haute, est quasi exclusivement constitué par des verrières à la place des murs non porteurs entre les piliers (1 sur 3 est porteur) qui ont une section en forme de "V" tourné vers l'extérieur (l'architecte les reprendra notamment pour la Cathédrale de Royan). A l'intérieur du bâtiment se trouve une seconde rangée de poteaux, la troisième (sauf pour le "type spécial") supportant la façade "intérieure", côté plaque tournante.
La toiture, très mince, ayant un profil à la fois conique et parabolique, est équipée d'un système d'évents permettant une ventilation naturelle du bâtiment. Trois versions existent :
La première rotonde construite fut celle d'Avignon, en 1946, de type standard, mais faisait davantage appel à la préfabrication que les rotondes suivantes.
Région | Ville | Voies | Type | Etat actuel |
Est | Metz-Frescaty | 29 voies | "standard" | Construite de 1946 à 1948, transformée en centre commercial |
Est | Sarreguemines | 31 | "standard" | Construite de 1948 à 1952. Démolie en 1985. |
Est | Noisy le Sec | 46 voies | "grande" | Construite de 1946 à 1950. Désaffectée en 1971, démolie en 1976 |
Est | Chalindrey | 37 voies | "standard" | Construite de 1947 à 1949, encore en service (EMT de Chalindrey) |
Sud Est | Villeneuve St Georges | 32 voies | "standard" | Pont de 27 m, construite de 1946 à 1948. En service (EMT de Villeneuve St Georges) |
Sud Est | Avignon | 36 voies | "standard" | Prototype construit d'avril à novembre 1946, en service (EMT d'Avignon), classée depuis 1984. |
Sud Ouest | Poitiers | 12 voies | "standard" | Construite de 1947 à 1949. Transformée en entrepôt SNCF, n'a plus de voies ni de pont tournant. |
Ouest | Mantes | 23 voies | "standard" | Construite de 1946 à 1948, démolie en 1977 |
Nord | Longueau 1 | 22 voies | "grande" | Construite de 1945 à 1947, désaffectée (EMT de Longueau) |
Nord | Longueau 2 | 23 voies | "standard" | Construite de 1946 à 1948, démolie (en 1971 ?) |
Nord | Creil | 36 voies | "standard" | Construite de 1946 à 1949. Démolie fin 1971 |
Nord | Fives-Lille | 40 voies | "standard" | Construite de 1945 à 1952. Démolie en 1980 |
Nord | Tourcoing | 21 voies | "type spécial" | Construite de 1946 à 1952. Démolie au début des années 90 |
Nord | Béthune | 40 voies | "grande" | Construite de 1945 à 1948. Fermée à la fin des années 60, transformée en centre commercial |
Nord | Somain | 36 voies | "grande" | Construite de 1946 à 1948. Démolie en 1980 |
Nord | Cambrai | 9 voies | "type spécial" | Construite de 1946 à 1948. Fermée en 1966, démolie ou 1995 |
Nord | Laon | 36 voies | "standard" | Construite de 1946 à 1948. Transformée en entrepôt ; pont tournant remplacé par un hangar. A l'abandon depuis plusieurs années, démolition envisagée fin 2012. |
Nord | Valenciennes | 30 voies | "standard" | Construite de 1945 à 1948. Démolie en 1979 |
Nord | Hirson | 34 voies | "standard" | Construite de 1946 à 1948. Désaffectée, classée (y compris atelier et tour), n'aurait plus de voies et serait utilisée pour des concerts. |
Prévue vers 1946, la construction d'une grande rotonde circulaire comportant 47 voies et un pont tournant de 27 m. n'a finalement pas vu le jour.
Remplaçant la rotonde Ouest à 36 voies et pont de 20 m du dépôt d'Avignon, bâtie en 1885, la première rotonde type P a été bâti en seulement 10 mois (un délai d'un an était prévu) et est la seule à former un cercle complet de 120 m de diamètres (certaines stalles sont plus courtes que d'autres du fait d'une rue à proximité). Inaugurée le 1er décembre 1946, elle comporte 38 voies et un pont tournant de 24 m.
Les caténaires firent leur apparition en 1959, les engins à vapeur disparaissant en 1969. Le 28 décembre 1984, la rotonde a été classée monument historique, tout en conservant encore aujourd'hui une forte activité.
Décidée fin 1946, la construction d'une vingtième rotonde type P à 18 voies sur ce site n'eut finalement pas lieu du fait de la proximité des dépôts de de Mulhouse Nord, Ile Napoléon et Besançon.
Construite dès 1945 et utilisable à partir de 1948, la rotonde type "grand" de 40 voies couvertes à pont de 27 m était également complétée par un atelier pour le levage des locomotives à vapeur. Avec l'électrification puis le départ des derniers engins à vapeur mi 1966, la rotonde devint à l'abandon jusqu'en 1985, date à laquelle elle fut transformée en centre commercial. Outre les 9700 m² de la rotonde, qui s'est vue adjoindre une mezzanine, des extensions ont été réalisées à la place du pont tournant et des voies découvertes, portant la surface couverte à 25000 m² (descriptif du bâtiment).
Plus petite rotonde du type P construite, de 1946 à 1948 suite aux bombardements de 1944, avec seulement 9 voies de type "spécial" (façade côté pont en porte à faux), le dépôt de Cambrai ferma en 1966 et resta presque trente ans à l'abandon, puis fut démoli à l'été 1995, laissant place à un espace vert.
Entièrement détruit suite au bombardement du 13 juillet 1944, le dépôt de Chalindrey, jusqu'alors équipé avec une rotonde de 1883, devait initialement être reconstruit grâce à une rotonde entièrement circulaire, à 46 voies couvertes en plus des deux d'accès, comportant un pont tournant de 27 m. Finalement, elle fut équipée d'une remise à 37 voies et d'un pont de 24 m, et la hauteur a été réduite de 2,1 m.
En 1956, il fut envisagé de couvrir les neufs autres voies prévues, mais ce projet fut annulé vu la prochaine fin de la traction à vapeur : dès 1965, le dépôt fut reconverti pour les tractions Diesel et électrique 25 kV, la pose des mâts des caténaires occasionnant la suppression de 4 voies dont les stalles ont été reconverties en local de stockage de pièces.
Détruit en 1944, le dépôt de Creil fut pourvu d'une rotonde type P à 36 voies ouvertes et pont de 24 m construite de 1946 à 1949, complétant un parc découvert à pont de 27 m et un atelier. Après la fin des engins à vapeur en 1969, l'affectation de locomotives Diesel, qui aurait permis de sauver au moins une partie du bâtiment, n'a finalement pas eu lieu, la rotonde étant démolie dès la fin 1971.
Bien qu'ayant été bombardé en 1944, ce dépôt ne fut reconstruit que relativement tard, les travaux débutant fin 1946 et se terminant en 19523 La rotonde à 40 voies couvertes et pont tournant de 24 m fut complète en 1954 par des ateliers et un parc découvert de 48 voies et pont de 27 m.
Malgré leur taille et leur état quasi neuf, ces installations furent sous utilisées dès 1958, du fait de l'électrification Paris - Lille. Les derniers engins, à vapeur, quittèrent le dépôt fin 1968, et la démolition eut lieu en 1980.
Ayant eu ses remises rectangulaires type Nord de 1923 détruites en mars 1944, ce dépôt reçut une rotonde à 34 voies couvertes, 14 découvertes et pont de 24 m construite de 1946 à 1948. Dès 1955, le dépôt perdit ses engins suite à l'électrification de Valenciennes - Thionville, et servit pour le remisage d'engins placés en garage longue durée. Au début des années 70, la rotonde fut vidée de ses équipements (rails, rideaux métalliques, pont tournant, hottes..) et vit ses fosses comblées, mais ne fut finalement pas démolie : sa toiture a été refaite au début des années 1990, et la tour florentine, comportant une horloge, a été classée monuments historique en 1995. Aujourd'hui, le lieu semble être reconverti pour assurer des concerts.
Lui aussi bombardé en 1944, le dépôt de Laon a été doté d'une rotonde construite entre 1946 et 1948 dotée de 36 voies couvertes à pont de 24 m, ainsi que d'un atelier de levage. Perdant ses derniers engins en 1968, le dépôt servit ensuite quelques années au garage d'engins en attente de démolition, avant d'être reconverti pour le stockage d'eau minérale, les fosses ayant été remblayées, un bardage apposé sur les ouvertures de la façade extérieure et un préau métallique mis à la place du pont tournant, qui a été déposé.
Désaffectés depuis 2003 la fin des années 2000, la rotonde et l'atelier devaient être reconvertis pour la logistique, mais le projet prévu a été annulé en 2010. Ne trouvant pas de nouvel occupant, la SNCF a déposé en septembre 2012 un permis de démolir pour les "7537 m² de la rotonde et les 382 m² de l'atelier", qui se dégradaient de plus en plus.
Bombardé pas moins de cinquante fois en 1944, cet important complexe ferroviaire fut doté de deux rotondes type P. Construite de 1946 à 1948, la rotonde Sud comportait un pont de 24 m et 23 voies couvertes, et fut démolie dès février 1971 pour laisser place à un parking, juste après la fin de la traction à vapeur.
La rotonde Nord, de type "grand", à pont de 27 m et 22 voies couvertes, a été érigée entre 1945 et 1947 fut reconvertie pour la traction Diesel. Aujourd'hui désaffectée et dégradée, elle a été pourtant classée à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.
De type standard (pont de 24 m) à 23 voies et construite de 1946 à 1948 en remplacement du dépôt bombardé en 1944, la rotonde eut sept de ses voies spécialisées à la réparation des wagons dès la fin des années 50. Devenant un dépôt relais fin 1968 ainsi qu'un lieu de récupération de pièces, le dépôt fut fermé le 1er octobre 1970, et démoli au printemps 1977.
Complétant une rotonde type G PLM datant de l'Entre Deux Guerres restée intacte, la rotonde type P de type "standard" fut construite afin de remplacer le dépôt de Metz Sablon, détruit par la guerre. Comportant un pont de 24 m et 29 voies couvertes, elle fut mis en chantier en 1947 et mise en service en 1949, et devient immédiatement le plus grand dépôt de la Région Est. Après la fermeture du dépôt en décembre 1960 suite à l'arrivée de l'électrification, elle resta à l'abandon jusqu'en 1976, année où elle fut rachetée afin de devenir un magasin de meubles, la rotonde type G voisine étant transformée en entrepôt.
Ayant vu ses deux rotondes de 1891 (à ponts de seulement 17 m de long) entièrement détruites lors d'un bombardement le 18 avril 1944, ce dépôt fut rebâti à partir de 1946 avec une rotonde type P ayant pas moins de 46 voies et un pont de 27 m, ce qui en fait la plus grande construite. Intensément utilisée entre sa mise en service en 1950 et l'électrification de la ligne Paris - Strasbourg en 1962, la rotonde cessa tout service en 1971, en même temps que les engins à vapeur qu'elle abritait. Tout comme le restes installations du dépôt, elle fut démolie en février 1976, ayant son emplacement repris par un chantier rail-route.
Elle aussi remplaçant un dépôt détruit lors de bombardements mais situé ailleurs, la rotonde a été construite de 1947 à 1949 et comporte 12 voies, utilisées pour quelques engins à vapeur jusqu'en 1961. Un temps utilisé comme relais pour les engins électriques, le bâtiment a ensuite perdu sa plaque tournante et été transformé en entrepôt pour le SERNAM et les services de l'équipement.
Situé à proximité de la frontière avec l'Allemagne et bombardé à plusieurs reprises, la reconstruction du dépôt fut réalisée entre 1947 et 1952 grâce à une rotonde à 31 voies ouvertes et dix autres découvertes.
Demeurant un des derniers dépôts "vapeur" de France, le complexe de Sarreguemines resta ouvert jusqu'au printemps 1974. Après avoir servi de lieu de démolition de machines à vapeur et vu ses propres installations métalliques démantelées, la rotonde fut dynamitée le 19 juillet 1985, et remplacée par un échangeur routier.
La grande rotonde à pont de 27 m et 36 alvéoles construite de 1946 à 1948 a été transformée en 1964 en atelier de réparation de wagons avant d'être démolie en 1980.
Cette rotonde de type "spécial" à façade intérieure en porte à faux et 21 stalles fut construite de 1946 à 1952, et transformée en dépôt relais dès 1960. La fin de la traction à vapeur en 1968 entraîna sa location comme entrepôt, avant d'être démolie en 1990-1991.
Erigée de 1945 à 1948 la rotonde à 30 voies et pont de 24 m fut désaffectée dès 1960, victime de l'électrification. Le dépôt fut démoli en 1979.
Bâtie de 1946 à 1948 en remplacement de l'ancien dépôt situé à plusieurs centaines de mètres, la rotonde comporte 32 stalles et 13 voies découvertes, ainsi qu'un parc découvert de 33 voies et un atelier de levage. Bien qu'étant du type standard, de diamètre 133 m, la rotonde avait un pont de 27 m, permettant le tournage des plus grosses machines à vapeur qui ont brièvement fréquenté l'établissement, celui-ci étant électrifié dès 1950 et perdant ses dernières "bouilloires" en 1962. Aujourd'hui, la rotonde est toujours en activité et reste un des dépôts les plus importants de France.
Pour davantage de renseignements, consulter la revue "Voies Ferrées" N°102 (juillet / août 1997).
En outre, une halle dédiée aux messageries de deux hectares a été construite par le même architecte à Lyon (7eme arrondissement) de 1946 à 1949, reprenant un style similaire. En voici une présentation, on remarquera que le traitement des façades est quasi identique à celui des rotondes.